La création d’entreprise en France

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On pouvait craindre que la création d’entreprise en France s’essouffle depuis la crise sanitaire, avec en parallèle une hausse significative des défaillances. En réalité, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. 

Etat des lieux

La progression des créations depuis 2001 montre 2 périodes hors normes : + 250 000 entreprises créées en 2021 / 2022, assez proche des + 300 000 observés en 2008 / 2009.

Les principaux secteurs de création en 2022 sont : 

  • Le commerce, les transports, l’hébergement et la restauration avec 270 000 créations, 
  • Le soutien aux entreprises : 270 000 créations, 
  • L’enseignement, la santé et l’action sociale 110000 (à 80% des micro entreprises),
  • Et les services aux particuliers 120 000 (micro entreprises 70%).

Les microentreprises

Comme toujours et dans les mêmes proportions, 75% de la création d’entreprises en France est assurée par des microentreprises. Mais le niveau atteint au global représente plus du double de la moyenne des 10 années avant 2017 (année à partir de laquelle la progression est forte et régulière) : un phénomène sociétal se superpose aux chiffres les plus récents.

Les mesures en faveur des microentreprises, comme le rehaussement des seuils de CA, ou restrictives, comme la réduction des exonérations fiscales, ont finalement favorisé la hausse des immatriculations depuis 2017. Les microentreprises sont les plus sensibles aux ajustements de réglementation, ce qui se voit nettement sur les courbes d’évolution avec leur effet yoyo. Les entreprises classiques progressent de façon beaucoup plus régulière.  

Quant aux startups, elles sont répertoriées majoritairement dans les entreprises classiques (sociétés, personnes morales). Leur évolution n’est pas encore suffisamment documentée sur 2022 / 2023, mais il est fort probable qu’elles suivent le mouvement général de forte progression. D’autant plus que les opportunités de financement ont été élargies. 

Contexte général et régional

Les régions les plus dynamiques en termes de création sont toujours, par ordre décroissant : Ile de France, Auvergne Rhône Alpes, Pays de la Loire, et Hauts-de-France. Avec 25% du total, l’Ile de France montre une contreperformance significative, sans qu’il soit encore possible de l’expliquer totalement. A l’inverse la progression des Pays de la Loire est confirmée et régulière.

Les défaillances d’entreprises sont en forte hausse depuis fin 2021, après une période 2020 / 2021 de forte baisse (cf paragraphe ci-dessous). Par exemple lors de la crise de 2008, les défaillances ont suivi la même courbe, pour une variation équivalente en nombre.

Soyons lucides

La limitation des défaillances en 2020 / 2021 est majoritairement dû aux aides de l’état, comme une sorte de perfusion. Les incidences de la crise sanitaire sont encore visibles sur 2023et il est impossible encore aujourd’hui d’en tirer toutes les conséquences. D’autant moins que d’autres crises sont venues se greffer sur celle-ci, avec leur incidence sur l’économie globale.

En toute logique, les analystes du Ministère des Finances et de l’INSEE ont constaté que les entreprises déjà fragiles avant la crise présentaient les plus gros risques de défaillance. Il semblerait que l’on voit le bout du tunnel pour les effets de la crise sanitaire, les défaillances observées au 3ème trimestre 2023 étant liées à d’autres facteurs (inflation, crises géopolitiques).

Et le Management de Transition ?

Le secteur du Management de Transition a été touché, comme la plupart des autres métiers du conseil, et contrairement à ce que beaucoup avaient prédit. Les cabinets regroupés dans l’association parisienne France Transition ont subit une baisse de 20% de leur CA en 2020 / 2021, après une année 2019 contre performante avec seulement 3% de progression (source association France Transition). Les autres cabinets ont au mieux maintenu leurs positions d’avant la crise. Les cabinets référents, qui ont une vraie valeur ajoutée auprès de leurs clients, semblent à postériori avoir tiré leur épingle du jeu dans ce contexte délicat. 

L’année 2022 et une partie de 2023 a vu un redémarrage très net de l’activité, parallèlement à une pénurie de candidats sur certains profils. Les cabinets spécialisés dans le management relai (interim cadres) ont profité pleinement de cette situation, ainsi que les prestataires qui ont adossé une branche Management de Transition à leur activité de recruteurs / conseil RH. L’évolution actuelle de l’économie laisse penser à un prochain ralentissement qui, s’il devait se confirmer, pénalisera en premier les bénéficiaires de l’embellie précédente. Un éternel recommencement !

L’optimisme est de mise

Comme l’affirmait Xavier Niel « il est beaucoup plus simple de créer une entreprise en France que dans la Silicon Valley », et cela reste d’actualité. Rajoutons une autre affirmation née de nos propres constats « il n’a jamais été aussi simple en France de lever des fonds pour lancer ou renforcer un bon projet ». Comme l’ont démontré les créateurs d’entreprises en 2020 et 2021, une crise est souvent le meilleur moment pour lancer une activité, à condition d’avoir du courage (un véritable esprit d’entrepreneur).  

 

Sources : INSEE et France STRATEGIE 

La création d’entreprise en France | Insee 

Les défaillances d’entreprises dans la crise Covid-19 : zombification ou mise en hibernation ? | France Stratégie (strategie.gouv.fr)