Point économique en Auvergne Rhône Alpes – Interview

Publiée le 07 octobre 2025
La région AURA s’impose comme la deuxième région économique de France. Derrière cette performance, un territoire dynamique mais contrasté : croissance industrielle, vitalité entrepreneuriale, et en parallèle, des tensions persistantes sur l’emploi et la compétitivité. Jacques BURTIN, directeur associé et fondateur Inside Management, fait le point sur les tendances économiques clés de la région.
Q : Pouvez-vous dresser un bilan économique de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
En 2024, Auvergne-Rhône-Alpes a confirmé sa place de 2e région économique française, avec un PIB de 329 milliards d’euros et une croissance de +0,9 %. Malgré un ralentissement conjoncturel national, la région reste dynamique, notamment grâce à son secteur industriel et à une reprise des créations d’entreprises (+7,7 %).
Le taux de chômage s’établit à 6,3 %, inférieur à la moyenne nationale. Le tourisme reste un point fort avec 60,8 millions de nuitées (450 millions en national d’après l’INSEE).
2025 montre pour l’instant une tendance similaire, rassurante sur le moyen terme.
Q : Quels sont les secteurs économiques clés et leur impact sur la région ?
Trois secteurs sur lesquels nous intervenons régulièrement se distinguent :
- L’industrie : 15 % des emplois régionaux, 18,4 % de la valeur ajoutée, et 17 des 100 plus grandes usines françaises. C’est un moteur d’innovation constant.
- Le tourisme : 61 millions de nuitées (en légère hausse), avec une forte attractivité des stations de montagne,
- La Recherche & développement : 8,4 milliards d’euros investis (15 % de l’effort national), avec 20 % des brevets français déposés dans la région.
- L’énergie décarbonée (22 % de la production nationale), notamment hydroélectrique, et l’agroalimentaire.
Q : Comment évoluent le PIB et le taux d’emploi en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Le PIB régional progresse de +0,9 % en 2024, mais l’emploi stagne, avec un recul dans la construction (-1,8 %) et le tertiaire marchand (-0,1 %). Le taux de chômage reste stable, mais la précarité touche davantage les jeunes (+24,9 % de chômage chez les moins de 25 ans). Les créations d’entreprises, elles, rebondissent de +7,7 %.
Q : Comment se compare le PIB de cette région avec celui des autres provinces françaises
Auvergne-Rhône-Alpes est la 2e région française en PIB, derrière l’Île-de-France (860 milliards d’euros) mais devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (186 milliards) et Nouvelle-Aquitaine (176 milliards). Son PIB par habitant (42 000 €) est le plus élevé de province, supérieur à la moyenne nationale (39 000 €) et hors Île-de-France (61 000€).
Île-de-France | 860 milliards d’euros |
Auvergne-Rhône-Alpes | 329 milliards d’euros |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 186 milliards |
Nouvelle-Aquitaine | 176 milliards |
En Europe, la région AURA se place en 15ème position sur 92, juste derrière la plupart des grandes capitales et bassins économiques européens.
Q : Quelles sont les chiffres clés de l’économie et de l’industrialisation en Auvergne-Rhône-Alpes ?
La région est reconnue comme un exemple de réindustrialisation : 15 % des emplois sont industriels (contre 11 % au niveau national). 17 des 100 plus grandes usines françaises y sont implantées, et la région reçoit 14 % des investissements directs étrangers en valeur.
22 % de l’énergie décarbonée nationale est produite ici, un atout clé pour attirer des industries lourdes. L’industrie verte (hydrogène, batteries) et les technologies de pointe (aéronautique, medtech) sont aussi des leviers de croissance puissants.
Q : Quelle est la dynamique de l’industrie en Auvergne-Rhône-Alpes ?
La région a enregistré 32 ouvertures de sites industriels en 2024, chiffre net des fermetures. La moyenne nationale varie selon les sources de 70 à 100 créations nettes.
Des projets phares comme SYMBIO (piles à combustible) au sud de Lyon, LHYFE (hydrogène vert) et GCK (batteries) illustrent cette dynamique.
Les investissements publics sont importants : 6,3 milliards d’euros via France 2030 Région et 1,4 milliard d’euros de soutien financier (Bpifrance).
Q : Confirmez-vous une augmentation spectaculaire des défaillances d’entreprises ?
Oui, avec une nuance importante. 130 000 entreprises ont été créées en 2024, notamment dans le commerce et l’industrie. Soit 8% de plus que l’année précédente. Je n’ai pas le chiffre des fermetures, mais je sais que la période a vu plus de 8 000 entreprises faire l’objet d’une procédure judiciaire, soit + 1 300 qu’en 2023.
La nuance c’est que, d’une part les procédures n’aboutissent pas forcément à une fermeture. Ensuite la part des procédures reportées grâce aux PGE de la crise Covid est inconnue (entreprises qui auraient dû fermer plus tôt).
Q : Quelles initiatives sont mises en place pour soutenir l’industrialisation et sensibiliser les acteurs économiques ?
Plusieurs dispositifs nationaux sont activés en AURA comme par exemple :
- France 2030 (Régionalisé) : 6,3 milliards d’euros pour l’innovation et la transition écologique.
- Prêt Innovation Région : 100 millions d’euros à taux zéro pour les PME industrielles.
- Aides “Industrie du Futur” : jusqu’à 16 000 € pour la digitalisation et la robotique.
- CDI d’employabilité : prolongé jusqu’en 2028 pour faciliter le recrutement, sans répondre directement au besoin régional spécifique.
Ces aides sont proportionnelles et similaires à celles des autres régions. La collectivité régionale semble investie sur le développement des activités économiques phares de la région.
Q : Quels sont les enjeux économiques et industriels pour mieux s’y positionner ?
Pour moi il existe 3 enjeux majeurs :
- La transition écologique, sur 2 aspects : l’accès à une énergie compétitive et décarbonée, et l’écologie ‘rentable’ c’est-à-dire non pas punitive mais économique. La recherche dans ce domaine est très active.
- La Pénurie de main-d’œuvre : 60 % des recrutements sont déclarés difficiles. Nous sommes aux premières loges de cette difficulté, en fournissant aux entreprises des profils experts pour des durées temporaires.
- Et enfin la simplification normative et administrative : en Auvergne Rhône Alpes la proportion de PME / ETI est importante. Une simplification permettrait à ces entreprises de se consacrer à leur développement et à la R&D, sans être surchargés par le mille-feuille administratif et financier. L’accès aux différentes aides françaises et européennes est également fastidieux pour les petites structures.
Q : Quelles opportunités de développement économique et d’investissement se dégagent ?
Les filières hydrogène, batteries, medtech et agroalimentaire offrent des opportunités concrètes et immédiates. Les dispositifs comme France 2030 et les aides régionales accompagnent les projets industriels. Les investisseurs peuvent aussi cibler l’IA et le numérique pour moderniser les PME, ainsi que Le tourisme résilient et les énergies vertes.
La région Auvergne Rhône Alpes reste un pôle d’attractivité incontournable pour les investissements étrangers et nationaux, grâce à son écosystème cohérent et à ses infrastructures.
Un mot de conclusion ?
Nous réalisons près de 30% de notre activité en région AURA, le plus souvent dans des contextes de croissance et d’innovation. Cette région que nous connaissons bien est très attachante pour les acteurs engagés.
Auvergne-Rhône-Alpes est un moteur économique et notamment industriel, tant mieux car c’est dans l’air du temps. Et ce malgré un contexte mondial et national difficile. Ses atouts – industrie forte, R&D dynamique, énergie décarbonée – en font une région attractive, les investisseurs ne s’y trompent pas.
Sources : INSEE, BPI France, Banque de France, CCI AURA, CCI Paris, Préfectures de régions, région AURA, invest-in-auvergnerhonealpes.com