Le Management de Transition aux USA

Le Management de Transition aux USA est souvent cité comme un modèle de référence, et c’est loin d’être le cas. En tout cas pas encore...

Mise à jour du 26/07/2022

Les Américains ne font pas de différence sémantique entre l’intérim, tel qu’il est perçu en France, et le Management de Transition. Leurs analyses prennent en compte la globalité du marché de l’intérim, alors qu’en Europe le Management de Transition est considéré comme un marché de niche dans celui du conseil. Cela prête souvent à confusion dans les articles américains, les comparaisons doivent rester prudentes.

La naissance de l’intérim aux Etats-Unis

Les publications US dédiées à l’interim management sont rares. C’est surprenant, car d’après certains articles, son développement aurait commencé dans les années 1920. Le déchargement des bateaux ne nécessitant pas un travail à temps plein, les travailleurs ne trouvaient pas d’autre emploi dans les moments d’inactivité. L’objectif était alors de leur assurer des missions au port pendant l’été, et un d’autres pendant la période hivernale. Ce concept dépassait déjà notre propre définition de l’intérim, pour s’intéresser au moyen de fidéliser des travailleurs flexibles sur le long terme.

L’arrivée de l’intérim en Europe… vu des USA

D’après d’autres articles, l’interim management trouverait sa source au Royaume-Uni en 1905, avec l’implantation d’un ancêtre (Américain) des agences d’interim à Londres. Ou bien au 3ème siècle avant JC, où il aurait été utilisé par les publicains romains pour gérer la construction des bâtiments publics… On est loin de la phrase culte des cabinets français : « Le management de transition trouve ses origines aux Pays-Bas dans les années 1970 ».

L’exception culturelle américaine

Encore aujourd’hui, les employeurs américains préfèrent utiliser le CDI pour contractualiser avec leurs salariés. Et ce n’est pas parce que les modalités de licenciement sont plus souples que celles appliquées en Europe.

Depuis 2016 le taux de chômage (non temporaire) reste sous la barre des 5%, proche du plein emploi. Contrairement à un cliché très répandu, « I must own my employees » reste un réflexe pour la plupart des employeurs. Depuis quelques années, un nouveau paradigme commence à émerger « I just need to rent the expertise I need, when I need it », comme en Europe.

A la guerre des talents, observée depuis la crise sanitaire comme en Europe et en Asie, vient se superposer le big quit, la « grande démission ». Les salariés, notamment les cadres et les cadres supérieurs, souhaitent plus de flexibilité et d’autonomie dans leur relation avec les employeurs. Le big quit concernerait près de 50 millions de salariés en 2021, l’interim management trouvant là l’un de ses meilleurs ambassadeurs.

Les particularités américaines

  • Les données officielles de l’interim management aux USA sont rarissimes, contrairement à l’Europe dans laquelle les pays leaders (Allemagne, Angleterre) sont très structurés.
  • Comme en France il n’y a pas de véritable fédération, pas de syndicat fédéral non plus. Il est par exemple impossible d’évaluer la taille du marché. D’après les publications qui traitent du Management de Transition, on peut estimer la maturité du marché US équivalente à celle de la France, c’est-à-dire faible en volume avec un réel potentiel de croissance.
  • L’âge moyen des interim managers est de 52 ans, similaire à ce que nous connaissons. La parité hommes – femmes est surprenante : en Europe les femmes représentent entre 15 et 25% des managers de transition, aux Etats-Unis elle atteindrait 50% !
  • L’affectation sectorielle des missions est également inattendue : 60% d’entreprises aux US, pour plus de 90% en Europe.
  • Les secteurs prédominants sont la santé (25% des missions), le secteur à but non lucratif (20%), et l’éducation (10%). Les missions dans l’industrie, majoritaires en Europe, représentent 5% des engagements aux Etats-Unis.
  • Les plateformes de compétences, apparues récemment en Europe, semblent se développer plus rapidement que les cabinets spécialisés.
  • Les principaux grands groupes RH internationaux sont implantés aux Etats-Unis, mais l’interim management n’est pas leur activité principale.

Le droit social américain (Mise à jour du 26/07/2022)

« En général, les droits des employés américains sont très différents du droit social européen. Les différents États ont leurs propres lois du travail. Par exemple dans le Colorado, nous avons ce qu’on appelle « l’emploi à volonté » (Employment-At-Will), ce qui signifie notamment que vous pouvez démissionner ou être licencié sans préavis. Si vous envoyez un mail à votre patron maintenant pour lui dire que vous démissionnez à partir d’aujourd’hui, vous ne violez aucune règle ni aucun contrat. Cet effet de levier réciproque salarié / employeur pourrait également être un facteur dans la façon dont le travail intérimaire est perçu ici. Ceci explique en partie pourquoi l’interim management est moins populaire ». Jason Pinon USA/CO.

Aux Etats-Unis l’assurance chômage est un programme mixte fédéral / états. Les conditions d’octrois sont beaucoup plus restrictives qu’en Europe, et la durée d’indemnisation est en général limitée à 26 semaines. Les modes de licenciement sont également la résultante de lois fédérales / d’états. Dans les faits, ce que l’on constate dans le Colorado est représentatif de ce qui se passe au niveau fédéral.

 

La culture, la taille et la puissance du pays peuvent transformer en quelques années ce marché un peu confidentiel en eldorado. Un journaliste de Forbes termine son article par un « Viva la revolution », qui résume bien l’ambition de ce métier outre-atlantique !

 

Sources de l’article : Magazine FORBES, article « interim management is having its moment » / M. Jon Younger, journaliste, writer about the freelance revolution and the future of work / M. Jason Pinon – correspondant Inside Management à Denver (Colorado) / FMI – organisation économique internationale.