Interim Management versus Management de Transition

L’intérim management est la corrélation anglo-saxonne du management de transition (raccourci MdT dans la suite de l’article). Dans les années 90, les promoteurs français du MdT avaient choisi : d’une part de ne pas utiliser la référence à l’intérim (par exemple intérim cadres), qui avait une connotation péjorative, d’autre part de ne pas utiliser le terme anglo-saxon « Interim Management », couramment employé chez nos voisins européens, pour éviter un anglicisme dont la pratique était moins courante à l'époque.

30 ans plus tard les intentions initiales sont devenues désuètes, apportant de la confusion auprès des utilisateurs. Certains cabinets font de l’Interim Management en utilisant des contrats intérimaires, d’autres proposent des prestations purement intérimaires vendues comme des prestations de services à forte valeur ajoutée. On nage en plein paradoxe.

L’intérim, victime de la culture française

Le langage courant s’est approprié le terme intérim pour désigner des missions temporaires dans le monde du travail : on fait « de l’intérim » dans une entreprise en surcroit temporaire d’activité. Ce terme à double sens désigne un secteur économique de premier rang (plus de 30 mds €), mais il est utilisé dans un cadre limitatif par rapport à son étymologie. L’image péjorative associée à l’intérim s’est atténuée, mais elle reste encore vivace dans certains secteurs.

Le contrat temporaire (contrat intérimaire) est encore utilisé par quelques rares cabinets de MdT en France, rajoutant à la confusion. Ce type de contrat confère notamment au salarié intérimaire les mêmes droits que les salariés permanents. De notre point de vue, ce mode d’intervention est moins adapté au MdT. Par exemple : si les managers doivent assurer des mandats ou des responsabilités sociales, ils sont mieux encadrés en prestation de services. Il n’existe pas de lien hiérarchique entre le Manager de Transition (en prestation de services) et l’entreprise cliente.

Le management, une logique floue

Le terme « Management » est un mot à sens multiple, à tel point qu’on a du mal à le définir aujourd’hui autrement que de façon très générique. Les diplômé.e.s d’une école de Management n’ont pas la même définition que les cadres expérimenté(e)s en recherche de mission de Management de Transition. La dimension managériale, moins prégnante dans l’Interim Management (MdT) d’aujourd’hui, reste majoritaire dans la pluralité des missions.

Retenons 2 points importants :

  1. Interim Management et Management de Transition désignent exactement la même chose, dans des langues différentes.
  2. Le mode de contractualisation intérimaire implique certaines contraintes incompatibles avec le Management de Transition, il est très peu utilisé dans notre métier.

Le rôle des Interim Managers

On peut regrouper les interventions en Management de Transition / Interim Management en 4 grandes catégories :

  1. Le pilotage : d’un service, d’un département, d’une unité ou d’un groupe, mais aussi de projets interservices ou transnationaux,
  2. La transformation : digitalisation, retournement, relocalisation, acquisitions,
  3. L’amélioration : performance, synergie, création de fonction,
  4. Le remplacement : management relai suite à une maladie, un désaccord avec les actionnaires ou un licenciement.

Ces différents contextes sont bien loin de la définition courante de l’intérim en France. Chacun d’entre eux nécessite des compétences différentes selon leurs objectifs : le Management relai impose de se couler rapidement dans un cadre existant pour assurer une continuité de fonction, alors que la transformation exige de casser les codes et les usages de référence dans un temps contraint.

Voir notre article à ce sujet profil des Managers de Transition

Les modes d’intervention en Interim Management

L’Interim Management s’appuie sur différents contrats pour intervenir dans les entreprises.

Le plus répandu en France auprès des pure players (98% des cabinets) est la prestation de services, qui permet de sécuriser la relation avec le client (logique de maîtrise d’œuvre non salariée), tout en intégrant des mandats sociaux, si nécessaire, avec des adaptations contractuelles.

Vient ensuite le contrat intérimaire, très peu utilisé comme nous l’avons vu précédemment.

Quelques rares cabinets proposent des CDD, cette forme de contrat n’étant pas du tout adaptée à l’Interim Management : rigidité, responsabilité du salarié, contraintes de prolongation, tout est à l’opposé des attentes de la clientèle.

Les Interim Managers qui interviennent en direct utilisent le CDI de chantier, la prestation de services (via structure personnelle ou portage salarial) ou le CDD, selon leur ancienneté dans le métier, leur taux d’occupation et leurs contraintes personnelles.

Voir aussi notre article statuts du manager de transition.

L’Interim Management : bien plus que de l’intérim !

Les définitions des différents termes utilisés ne sont pas qu’un débat sémantique. Les process dans les contractualisation intérimaires sont très différents de ceux de l’Interim Management – Management de transition, ne serait-ce que par les enjeux et l’implication du cabinet dans l’intervention. Ce dernier proposera le mode d’intervention le plus adapté au contexte, dans une relation tripartite client / cabinet / Interim Manager :

  • Aide sur l’analyse du contexte et le cadrage du besoin,
  • Choix de l’intervenant et garanties,
  • Définition des enjeux de la mission,
  • Suivi de mission avec les livrables requis.

Voir aussi notre article rôle d’un cabinet en mission

La confusion apportée par la non utilisation du terme intérim est encore sensible aujourd’hui. C’est ce qui a conduit à choisir une appellation incompréhensible au premier abord : le Management de Transition. Il aura fallu 20 ans pour faire connaître notre métier, à cause entre autres de ce handicap sémantique initial. L’exception culturelle française doit-elle imposer de se démarquer à tout crin, ou bien l’usage d’un terme universel en Europe doit-il prévaloir ? Nous votons sans hésiter pour Interim Management, il existe de pires anglicismes !