Le salaire d’un manager (h/f) de transition

Vous vous lancez dans le Management de Transition et la question de la rémunération se pose rapidement. Au moment de fixer vos honoraires, et donc votre salaire, vous vous trouvez fort dépourvu.e : comment les calculer ? Un gourou vous répondra que le bon prix est celui que votre client acceptera de payer… Ne comptez pas sur vos clients pour répondre à cette question. Voici quelques éléments pour alimenter votre réflexion.

Avant d’aborder le salaire du manager de transition, rappelons qu’il existe plusieurs manières d’organiser la facturation des missions. Selon votre mode d’intervention — en direct ou via un cabinet — votre statut et votre rémunération seront définis et facturés différemment.

Rappelons tout d’abord les différentes façons de facturer :

  • Les interventions en direct

La plus répandue est une facture de prestation de services, comportant le nombre de jours et les frais sur la période. Le TJM (Taux Journalier Moyen ou Tarif Journalier Moyen) peut intégrer les frais, selon la négociation avec votre client. Cette facture émane de votre structure personnelle, ou bien d’une société de portage salarial si vous souhaitez garder le statut de salarié.e.

L’autre moyen consiste à obtenir directement un salaire mensuel. Si vous êtes un.e indépendant.e en direct avec votre client, la formule la plus utilisée est le CDD. Mais les entreprises cliente du Management de Transition cherchent justement à s’affranchir de ses contraintes. Intervenir comme prestataire (voir intérimaire) diffuse le bon message sur l’état d’esprit de l’intervenant.e.

  • Les interventions via un cabinet

Le manager h/f est lié au cabinet de la même façon : facture de prestation ou salaire. Le salaire peut être perçu auprès du cabinet (peu fréquent), ou bien auprès d’une société de portage salarial faisant le lien entre vous et le cabinet. Quelques rares cabinets pratiquent le contrat intérimaire.

Pour mieux comprendre les implications de chaque option et choisir celle qui correspond à votre projet professionnel, nous vous invitons à consulter notre article sur les différents statuts du manager de transition.

Du TJM au salaire

Le TJM : Taux ou Tarif Journalier Moyen

Quand on parle du salaire d’un manager de transition, il est indispensable de commencer par comprendre le concept de TJM (Taux Journalier Moyen), qui constitue la base de toute facturation dans ce métier. Les cabinets référents et les médias spécialisés diffusent sur internet des fourchettes de TJM. En France, sur 10 articles récents, les chiffres sont assez cohérents (chiffres clients hors taxes et hors frais) :

  • Fourchette basse 500 à 650€
  • Fourchette haute 1 200 à 1 500€

La moyenne française de facturation supérieure à 1300€, évoquée par quelques associations, ne repose sur aucune étude sérieuse.

La moyenne des TJM en Management de Transition

Le Management de Transition français manque cruellement d’information fiable et objective, par défaut d’instance représentative crédible et reconnue. L’analyse des chiffres d’activité publiés par les principaux cabinets montre une moyenne des TJM entre 800 et 900€, en baisse pendant la crise sanitaire, en légère hausse ensuite, puis à nouveau en baisse notamment dans le management relais (intérim cadres).

Pour en savoir plus vous pouvez consulter notre article sur les coûts du Management de Transition

Dans son étude annuelle 2021, le réseau européen INIMA évaluait la moyenne des TJM sur les plus gros pays européens à 876 €, avec une fourchette de 402 € (Pologne) à 1 385 € (Suisse).

L’IIM anglais différencie dans son étude nationale 2020 la moyenne selon le secteur d’intervention : 780 € dans le secteur public, 1 016 € dans le secteur privé.

En France, le cœur du marché (27%) se trouve dans une fourchette 710/945 €. 10% des TJM sont inférieurs à 592 €, et 12% sont supérieurs à 1420 €.

Pour la France : TJM = fourchette de 500 à 1500 €, moyenne aux environs de 900 €.

L’importance du TJM

Le marché du Management de Transition permet encore de pratiquer des honoraires relativement ouverts, sans référentiel national. Le.la manager comprend vite s’il pratique les tarifs adaptés à ses compétences et à ses cibles. Il faut rester souple et à l’écoute des signaux faibles.

Les intervenants indépendants travaillant à plein temps en totale autonomie (sans cabinet) dès le lancement de leur activité sont rares, sauf au tout début. Les candidats au Management de Transition auront intérêt à procéder d’emblée à un référencement dans des cabinets spécialisés. D’ailleurs, nous conseillons à tous les managers H/F d’être référencé.e dans plusieurs cabinets.

Même s’ils ne sont pas l’unique objet des discussions, le salaire souhaité (en K€ bruts annuels) ou le TJM, poseront les bases de la collaboration future. L’expérience n’est pas un critère suffisant dans notre métier. Votre “coût” doit correspondre à vos compétences (ROI crédible), et il doit permettre au cabinet une rémunération correspondant à sa valeur ajoutée. De nombreux candidats s’excluent d’eux-mêmes des référencements cabinets en pratiquant des honoraires figés et/ou trop élevés : L’intérêt des cabinets n’est pas de brader un TJM, mais bien de trouver le bon équilibre entre rentabilité et attractivité. Nous le répétons régulièrement, il vaut mieux être en mission à un TJM un peu en dessous de nos attentes, plutôt que de rester en recherche de mission éternellement.

Avec une bonne communication, le TJM peut devenir un véritable avantage concurrentiel. La 1ère règle est de l’adapter au contexte, sans jamais en faire un élément bloquant. Si vous ne démordez pas d’un montant précis vous devenez anxiogène pour votre client, qui se trouve déjà dans une démarche engageante. Inconvénient amplifié si votre client est un cabinet !

Quelles sont les tendances de salaires pour les managers de transition en 2025 ?

En 2025, les tendances salariales indiquent une modération des rémunérations par rapport aux deux années précédentes. Plusieurs études, dont l’une de l’APEC, prévoient une stagnation des salaires en 2025 et un recul des recrutements en CDI. Ce phénomène impacte directement l’activité des managers de transition, qui devront composer avec un environnement plus attentiste de la part des entreprises.

Ce ralentissement s’explique par un contexte économique incertain, marqué certes par une baisse de l’inflation après les fortes hausses de 2023 et 2024, mais surtout par une prudence accrue des entreprises face aux perspectives économiques manquant de perspectives.

Comment évaluer son salaire

Méthode 1 : le calcul à partir d’un salaire brut annuel

Il présente l’avantage de bénéficier d’une multitude de références fiables. Lorsque le salaire annuel souhaité est défini, il convient de rajouter tous les frais liés au métier de manager de transition, comme la précarité ou les frais de gestion du portage salarial. La précarité représente les périodes d’intermissions, qui sont fréquentes en Management de Transition. Pour les frais qui varient à chaque intervention, il est plus simple de les exclure du calcul (TJM hors frais).

Par exemple : un.e cadre rémunéré.e 85 K€ en CDI devra viser une rémunération de 95 K€ pour obtenir le même pouvoir d’achat, sans sous-estimer les intermissions (1 à 2 par an). Ce montant correspond à 650/700 € en TJM, selon les frais et le type de contrat. Le salaire évoqué et le TJM doivent être cohérents dans votre communication.

L’intérêt de cette méthode est de partir d’un référenciel connu. Mais les disparités salariales selon l’expérience et les types de sociétés sont telles qu’il faut impérativement compléter cette évaluation par les suivantes. Les écarts varient dans les 2 sens, certaines fonctions se ‘vendent’ plus cher en Management de Transition qu’en CDI.

Méthode 2 : l’évaluation directe du taux cible

Partant des estimations de taux en France, on peut caractériser les différents niveaux d’honoraires comme suit :

500 – 600 € = middle management, expertise fonction, technicien spécialisé, expert métier. Les enjeux sont locaux.

700 – 900 € = cadre et cadre supérieur, membre du CODIR de petites structures ou de business units, manager de départements dans les grandes organisations. Les enjeux portent sur l’entreprise ou sur l’unité.

1000 € et plus = cadre supérieur, parfois mandat social. Les enjeux portent sur la totalité de l’entreprise (petites structures), ou sur un département / une branche complète en corporate, ou un secteur stratégique.

Méthode 3 : les taux du marché

Les cabinets spécialisés en Management de Transition sont en contact permanent avec leur propre marché. Ils sont les mieux placés pour évaluer un TJM, en tenant compte de la conjoncture, de la concurrence, des lieux et des types de missions. Leur expérience et leur objectivité sont incomparables.

Les associations de managers peuvent être de bon conseil, lorsque leurs membres sont réellement dans une dynamique de missions à plein temps. Mais attention aux informations toxiques : une association française incite actuellement ses membres à exiger 1500 € d’honoraires auprès des clients et des cabinets. Elle est constituée par des intervenants qui sont en mode préretraite, ce qui n’est pas le cas général.

Vous trouverez un référentiel des calculs selon différentes méthodes dans notre Guide Pratique dédié Le salaire des managers : calcul et simulation.

Quelles sont les différences de rémunération en Management de Transition ?

Les différences de rémunération entre les managers de transition sont significatives et dépendent de plusieurs facteurs clés :

Expérience et expertise : C’est un facteur déterminant. Un manager de transition avec une longue expérience réussie à des postes de direction ou ayant géré des projets complexes et de grande envergure peut prétendre à des taux journaliers plus élevés. Son expertise sectorielle et sa connaissance approfondie de problématiques spécifiques sont également valorisées. Les managers débutants auront logiquement des TJM moins élevés, qui augmenteront avec leurs succès et leur expérience prouvée.

Complexité et nature de la mission : Une mission impliquant des enjeux stratégiques importants, une gestion de crise, une restructuration complexe, ou nécessitant des compétences très pointues sera rémunérée à un tarif plus élevé qu’une mission de remplacement temporaire ou de gestion de projet plus “standard”.

Secteur d’activité et taille de l’entreprise : Les secteurs avec une forte demande de compétences spécifiques ou ceux qui sont particulièrement porteurs (comme la finance, la technologie, le digital) peuvent offrir des rémunérations plus attractives. Travailler pour de grandes entreprises, notamment celles du CAC 40, peut également se traduire par des TJM supérieurs par rapport aux PME ou aux ETI.

Durée de la mission : Les missions courtes peuvent avoir un TJM plus élevé en raison de leur intensité, la durée totale de l’engagement peut influencer la négociation globale. À l’inverse, une mission longue peut générer une négociation à la baisse sur le TJM, contre la stabilité du revenu.

Localisation géographique : En général, les frais de déplacement et d’hébergement sont facturés en sus du TJM, et peuvent avoir un impact considérable sur le coût total. Les missions basées à Paris peuvent parfois afficher des tarifs supérieurs à celles en province. Les missions à l’étranger impliquent généralement une majoration du TJM.

Statut du manager de transition : Le fait d’exercer en indépendant, via une société de portage salarial ou un cabinet de management de transition a un impact sur la manière dont la rémunération est structurée (TJM brut facturé au client vs. salaire net perçu par le manager). Les frais de gestion et les charges sociales varient selon le statut adopté.

Réseau et réputation : Un manager de transition avec un réseau professionnel étendu et une solide réputation peut plus facilement négocier des tarifs élevés en raison de sa crédibilité et de son historique de succès.

La rémunération d’un manager de transition est une équation complexe qui prend en compte l’ensemble de ces facteurs pour refléter la valeur unique et l’expertise que ce professionnel apporte à l’entreprise dans une phase de changement ou de défi. Les TJM peuvent ainsi varier considérablement, du simple au triple.

Eléments périphériques à prendre en considération :

Le montant d’un TJM dépend également des modalités pratiques d’une mission, avec en préambule la prise en considération de la notion de précarité. Plus une mission sera longue, plus vous serez amené.e à revoir votre montant vers le bas. De la même façon, une mission à temps partagé suggère de revoir votre prix vers le haut, car les jours restants ne seront pas forcément exploitables sur un autre temps partiel.

Des interventions de quelques jours (réalisées dans le cadre d’un audit par exemple) seront généralement majorées. C’est le cas par exemple des missions courtes dans le cadre de notre offre Inside Management Diagnostics Express et 360.

Dans les interventions en direct, lorsque le TJM devient un point de blocage avec votre client, c’est que vous avez raté une étape dans votre processus ‘commercial’. Si le client n’a aucun doute sur le bénéfice de votre intervention, le prix sera rarement une impasse, et ne constituera qu’une formalité en fin de discussion.

Les frais de mission, ou frais de vie :

Qui prend en charge les frais de mission du manager lorsqu’il est en mission ? C’est une question assez courante. Si le manager a le statut d’indépendant, il négocie directement avec le client son TJM et les frais de mission (remboursement des frais réels, forfait total TJM + frais, TJM + forfait frais..). En revanche, si le manager passe par un cabinet de MT, il  transmet ses souhaits au cabinet qui négocie directement avec l’entreprise cliente. Cette dernière peut proposer de rembourser les frais réels, un forfait pour les frais… Lorsque les frais sont compris dans le TJM facturé au client, l’évaluation doit être faite en toute transparence entre le.la manager et le cabinet.

Dans tous les cas, chez Inside, nous conseillons aux managers de clarifier ce sujet dès le début avec le cabinet ou l’entreprise cliente (selon votre statut), avec autant d’importance que le TJM.  Car nous le savons, les frais du manager de transition (h/f) peuvent vite grimper selon le lieu et la nature de la mission.

 

En synthèse

La recherche de missions impose de bien garder les pieds sur terre en matière de tarification. Les choix que vous ferez à ce sujet, notamment auprès des cabinets spécialisés, sont engageants. Si les honoraires / le salaire exigés ne correspondent pas à votre valeur réelle, et si de plus vous montrez une certaine raideur à ce sujet, vous réunissez tous les paramètres pour ne jamais être sollicité par ce biais. 

A l’inverse il n’est pas souhaitable de brader son TJM. Nous recommandons aux candidats managers de se fixer une fourchette raisonnable assez large. Développer une activité d’indépendant n’est pas simple, et il sera toujours plus positif pour votre image de faire une mission en ayant fait un effort significatif sur vos exigences, plutôt que de rester braqué sur un prix et de trop tarder pour commencer la 1ère mission.

Fixer son salaire de manager de transition est un exercice d’équilibre. définissez une fourchette cohérente, souple et adaptée à chaque contexte. L’agilité et la lucidité commerciale sont des alliées précieuses pour démarrer et pérenniser dans ce mode d’intervention. Il vaut mieux faire un premier pas sur une mission bien cadrée que rester bloqué par principe… Le succès, dans ce métier, repose autant sur l’expertise que sur la capacité à saisir les bonnes opportunités.